25>27.04.2016
On venait de faire la dernière destination ‘planifiée de longue date’ de notre voyage. Alors qu’initialement, après l’Argentine, on comptait reprendre un vol depuis la Bolivie, on a du se résigner, lors de notre passage là-bas, tel qu’expliqué dans d’anciens postes (pas de certitude de pouvoir entrer une seconde fois dans le pays dans la même année, vu qu’on nous avait déjà tamponné nos 3 mois dans le passeport…). Bref, sans trop revenir sur les détails, on redécollera de São Paulo, Brésil. On a déjà pris la décision de passer par les chutes d’Iguazu, situées +/- entre les deux, et pour se rendre à Iguazu, 2 options routières: par la route du nord, en traversant le Paraguay pas sa capitale Asuncíon, ou par une route qui contourne la Paraguay par le sud, via les provinces argentines de Corrientes et Misiones. Cette dernière a ceci de particulier, qu’elle concentre en territoire assez compact pas mal de communautés d’origines européennes (italienne, allemande, … et même polonaise) issues (ou polarisées par) d’ anciennes mission jésuites, phénomène dont elle tire le nom. Notre curiosité nous pousse à faire le choix du Paraguay, pays dont on a peu entendu parler, qui sera donc une découverte totale.
On décide de faire la première partie en bus, histoire de se retrouver sur la bonne route en évitant tous les changements de directions pour passer d’une ville à l’autre, vu qu’on a quand-même près de 1.150 km à parcourir. On en prend donc un premier vers le sud qui retourne à San Salvador de Jujuy, où on change pour un autre vers le nord-est, destination San Pedro de Jujuy, d’où on entame la partie autostop. Il nous reste environ 1.050 km, et on a que deux changements de direction: après moins de 200 km, on doit bifurquer pour prendre une ligne droite de plus de 700 km (au milieu de nulle part) vers le sud-est, jusqu’à la petite ville de Formosa (qui donne son nom à la province que nous allons traverser). De là, 200 petits km nous mèneront à Asuncíon. On a quelques doutes sur la grande ligne droite: elle a mauvaise réputation point de vue faisabilité en stop sur les blogs, mais bon, quelques-uns signalent avoir eu de la chance, et l’avoir faite d’une traite. On sait de toute façon que ça va nous prendre au minimum 3 jours de trajet. On ne s’est pas éternisé en Argentine pour se permettre de gérer l’inconnue du temps de ca trajet (à 2-3 jours près), tout en ayant de toute façon assez de temps à Iguazu et São Paulo. Les premiers km sont (très) peu performants. Alors qu’on avait quitté Maimará assez tôt le matin, et avec une bonne correspondance entre nos deux bus, nous voilà contraints de poser notre tente à une station service peu avant le premier changement de direction seulement… Lieu un peu glauque, pas tant fréquenté, mais bon, les gens de la station nous conseillent de nous installer tout près du bâtiment, dont l’entrée extérieure des sanitaires est surveillée/contrôlée par un veilleur 24/24. Le gars est sympa, c’est rassurant. Au petit matin, son frère, qui a pris la relève de jour et est tout aussi sympa, nous offre spontanément de son café chaud, car à cette heure, il fait fort froid tout de même.
On avance encore péniblement en stop jusqu’au changement de direction, où on nous dépose. A cet endroit, il y a un contrôle routier, type douane, qui passe en revue les marchandises de certains véhicules, y compris camions. On nous apprend que cette route est assez prisée pour la contrebande de stupéfiants, entre Bolivie, Paraguay et Argentine. Raison pour laquelle les conducteurs ne prennent pas trop le risque de prendre des autostopeurs, ne sachant pas s’ils ont quelque-chose d’illicite dans leurs bagages… Effectivement, peu de véhicules, mais encore moins qui daignent s’arrêter. Après plusieurs heures sans avancer, Agata va demander à un camion arrêté s’il ne part pas en direction de Formosa… Le temps de réfléchir un peu, le gars nous dit ok et nous prend pour toute la ligne-droite, jusque l’entrée de Formosa précisément. On passe la nuit près du camion dans une autre station service, en chemin. Le lendemain matin, le chauffeur, prénommé Antonio, doit gérer un problème de pneu crevé. En route, on partage la maté avec lui (ou plutôt lui avec nous), il nous apprend pas mal de choses sur la région, et sur le Brésil qu’il connait assez bien. La zone que nous traversons est assez surprenante: peu peuplée, les quelques localités très espacées sont connectées par cette unique route principale, les propriétés sont énormes. Le relief est devenu tout plat, les paysages changent. On termine notre bout de chemin avec Antonio, avec vue, depuis la cabine du camion (avec un bel autocollant de la face de J-C sue la pare-brise fissuré) sur des champs/forêts clairsemées de palmiers. A l’entrée de Formosa, un autre routier très sympa nous prend asser rapidement, et nous dépose peu avant la frontière paraguayenne, que l’on croit pouvoir rejoindre à pied… Mais comme ça semble plus loin que prévu, chargés comme des mules, on prend finalement un bus, pour à peine quelques centaines de mètres.. on était en fait presque arrivés…