16>19.12.2015
Bon, comme j’en ai touché un mot dans le sujet précédent, on a encore fait un trek de 4 jours, en solo (sans groupe organisé ni porteurs), avec nos 12-15 kg sur le dos et notre enthousiasme et notre courage pour les porter durant une soixantaine de kilomètres. C’est notre troisième trek du genre, mais celui ci a la double particularité que c’est le premier que l’on s’est mis en tête de faire, pour lequel on s’est préparé bien à l’avance depuis l’Europe (matos, etc,… ce qui nous a par ailleurs permis de faire les autres treks au passage), et qu’il mène au plus illustre monument péruvien: les ruines de la cité Inca du Machu Picchu, haut-perchées dans les montagnes et classé par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial.
On a refait le départ avec notre ami suisse Linus, qui avait proposé à une jeune Allemande rencontrée dans son hostal à Cusco de se joindre à nous. Quatre jours de marche donc, pour arriver à la ville ô combien touristique d’Aguas Calientes (“Machu Picchu Village”, l’appellent-ils…) située au pied de la montagne que coiffent les célèbres ruines. Lors du deuxième jour, l’Allemande présentant de significatifs signes de faiblesse à l’effort physique en haute-montagne, Linus et elle ont décidé de lever le pied et nous avons, Agata et moi, poursuivi à deux afin d’aboutir à Aguas Calientes au terme du quatrième jour, et visiter le Machu Picchu le jour suivant.
jour 1 – de Mollepata à Soraypampa
16.12.2015
Première journée, assez agréable: on se rejoint à Mollepata d’où démarre le trek, à 2.830 m d’altitude. Après une ascension continue mais somme-toute assez “light”, on arrive juste avant la tombée de la nuit (en cette saison, il fait noir vers 18:00-18:30, mais par contre il fait clair avant 5:30!!) à Soraypampa, 3.700m, où se trouvent diverses possibilités de campements. Pendant une grande partie du trajet, on a longé une voie “carossable”; certains trekkers vont en voiture jusque-là où nous avons abouti après toute une journée de marche, pour commencer une version “raccourcie” du Salkantay, ou pour faire l’Inca trail, exclusivement guidé et excessivement onéreux, qui commence par un tronçon commun et se dirige ensuite vers la vallée des Incas. Les paysages rencontrés sont un peu similaires avec le premier jour du trek de Choquequirao, mais cependant moins sauvages. Une fois à Soraypampa, nous profitons d’une vue imprenable sur le sommet enneigé du Nevado Umantay, 5.910 m, derrière lequel se cache le plus haut sommet de la région, le Nevado Salkantay, 6.271 m. On ose quand-même vous avouer qu’on a dans un premier temps pris l’Umantay pour le Salkantay, et ce n’est qu’en toute fin de journée, lorsqu’on on a vu apparaître ce dernier au détour du précédent, que nous nous sommes rendu compte de la confusion, sa majestuosité ne faisant dès lors aucun doute! 😉
jour 2 – le pass au pied du Nevado Salkantay
16.12.2015
Journée annoncée la plus éprouvante, puisque l’on change de vallée en passant par le Salkantay Pass, 4.630 m, au pied de la montagne du même nom. Nous avons encore en mémoire l’Union Pass du trek de Santa Cruz, relativement éprouvant compte-tenu notamment de la longue et forte ascension jusque ses 4.700 et quelques mètres, et le manque d’oxygène qui va avec (on en perd environ 45% à cette altitude). Dans ce contexte, on commence donc, en toute logique irrationnelle, par croire qu’on s’est trompé de sentier et rebrousser chemin une fois la montée déjà bien amorcée. Une fois retombés sur nos pattes, et donc sur un autre chemin, on apprend que les deux sentiers se rejoignent et qu’il ne s’agissait pas du changement de direction tant redouté, qui surviendra quant à lui un peu plus tard…. Bref, comment gaspiller son temps et son énergie!!! Ceci fut cependant sans conséquences sur notre bonne progression, le-dit Pass étant moins éprouvant que son grand-frère du nord du pays, et moins sensationnel aussi. La montée se fait en douceur relative, entrecoupée de faux-plats relativement reposants et de micro-pauses nécessaires pour faire le plein d’oxygène. L’altitude faisant, le paysage devient de plus en plus gris et pierreux au fur et à mesure de la montée. Le Nevado Salkantay est à nos côtés mais se cache derrière d’épais nuages. Il laisse cependant entrevoir de temps à autre ses pans blanchâtres, notamment une fois au sommet du col, où nous pouvons par ailleurs apprécier le grondement, à la fois sourd et sec, du craquement de ses glaciers! En route, on croise un jeune couple Allemano-Norvégien bien sympa avec qui on papote et échange sur une bonne partie de la descente, jusqu’au camp de Challway, 2.650 m. Les vallées s’habillent de végétation plus dense et grasse, les pierres grises laissent progressivement place aux versants verdâtres et humides.
jour 3 – de Challway à Lucmabamba, le long du Rio Salkantay
16.12.2015
Nous repartons donc le matin à deux, sous une pluie qui n’a cessé depuis la nuit, pour longer, vers l’aval, les berges du Rio Salkantay, au puissant débit d’eaux claires. Le paysage devient de plus en plus semblable à la selva (forêt, jungle) que nous avons découverte à Oxapampa. En chemin, on croise de multiples torrents, formant parfois d’impressionnantes cascades, que nous devons traverser via des petits ponts de fortune, en bois, dont certains présentent des traces de vieillissement ou de stabilité incertaine, voire carrément des trous béants. A certains moments, le passage à gué est nécessaire, on joue aux équilibristes, on scrute la pierre la plus émergente, ou la moins immergée… 😉
Vers la fin de la journée, à l’approche du village de Suhayaco Playa, on rencontre une chienne qui nous suivra spontanément jusqu’à Lucmabamba où on dressera la tente. On est allé un peu plus loin que ne le prévoit classiquement le trek, car on sait que la dernière journée sera longue. Agata se lie d’amitié avec l’animal, la baptise “Sam”, et commence à songer aux éventuelles possibilités, bien qu’irréalistes, de l’adopter! Il faut dire que, même si le Pérou regorge, tant en ville qu’à la campagne, de chiens errants, semi-sauvages, livrés à eux-mêmes, Sam est particulièrement sympathique, fidèle et attachante, si bien qu’il nous est impossible de l’empêcher de nous suivre… elle réapparaît à chaque fois au détour d’un tournant!
jour 4 – Ruinas de Llactapata et arrivée à Aguas Calientes
16.12.2015
Dernier jour de marche, on a dormi dans un petit camping “en construction”, on était les seuls et les propriétaires nous on laissé l’accès au bâtiment principal, pas fini, où on a pu se sécher. Sam est encore là au petit matin, elle ne nous a pas lâchés d’une semelle. On profite cependant d’un petit somme de la bête éprouvée pour s’éclipser discrètement (mais non-moins lâchement…), vers l’ascension en pleine forêt menant aux ruines incas de Llactapata, à 2.700 m. La selva est dense et humide, presqu’autant quà Oxapampa, et la montée est plus longue que ce que l’on imaginait. Les vallées sont parcourues par d’épais nuages obstruants qui ne laissent apparaître que ça et là, l’une ou l’autre vue plus lointaine vers les sommets ou les rivières. Arrivés au site, nous avons la chance de voir le ciel se découvrir et laisser se dévoiler, face à nous, l’ancienne cité du Machu Picchu, trônant fièrement sur la montagne d’en-face, à la même hauteur que nous!
Il ne nous reste plus qu’à descendre vers Hidro-Electrica (centrale hydro-électrique) sur le rio Urubamba, qui berce également Aguas Calientes. Là se trouve le point de départ de la ligne de chemin de fer (une des rares au Pérou) vers Cusco et ensuite Puno, au bord du lac Titicaca. Ce chemin de fer est le seul moyen véhiculé de rejoindre Aguas Calientes, mais le billet de train souffre de variation de tarification plus qu’exagérée selon que l’on soit local, Péruvien ou touriste étranger. Inutile de préciser que le touriste étranger se voit attribuer la tarification la plus lourde, qui est plus de 25 fois plus élevée que celle d’un Péruvien (70€ contre 2,50€ pour parcourir 11km en classe inférieure…). Donc, comme de nombreux touristes, on passera, à pied, par le (semblant de) sentier qui longe, traverse, ou se “superpose” à la voie ferrée. Le chemin est sympa, les trains klaxonnent pour annoncer leur passage, les vues sont magnifiques, y compris sur le Machu Picchu, qu’on a la chance de voir “recto-verso”, étant donné que l’on suit un méandre de rivière qui “s’enroule” autour de la montagne! La vallée, bien que pas particulièrement profonde, se distinge par son encaissement abrupt, et par la verticalité des parois rocheuses, qui confèrent au montagnes des formes assez particulières, telles qu l’on peut les voir sur les photos les plus typiques du site historique!
Une fois arrivés à Aguas Calientes, on achète notre ticket d’accès pour le lendemain, puis on file au (seul) camping planter notre tente (qui est presque la seule également, hormis un groupe de touristes avec guide et porteurs). Aguas Calientes est une petite ville qui a de sympathique son style, sa morphologie et son inscription dans le paysage, mais qui souffre d’une fonction exclusivement sur-touristique, dopée par l’importance du site du Machu Picchu et ses flux incessants de visiteurs du monde entier. Tout n’y est qu’hôtels, restaurants, boutiques de souvenirs (on se demande s’il y a des habitants), et prix exhorbitants en comparaison au reste du pays. On a eu du mal à accéder à certaines informations, en ce compris au bureau d’info-tourisme officiel de l’état, où on a refusé de nous indiquer le départ du chemin piéton, pourtant officiel, pour accéder au site touristique, prétextant que nous serions trop fatigués de monter pendant une heure avant la visite, et que par conséquent nous devions prendre un bus moyennant grands frais (7 ou 8 fois un prix de bus normal au Pérou).
Pour la journée suivante >>> c’est dans le sujet suivant! 😉